Villes d’impact : créer les conditions de succès pour les initiatives d’impact social

De nombreuses organisations à Montréal déploient ou soutiennent des initiatives d’impact, c’est à dire des initiatives qui ont pour but premier d’améliorer le bien-être des gens ou de l’environnement, en réponse à un besoin réel. En temps “normal”, ces organisations cherchent à contribuer de la manière la plus pertinente possible aux besoins sociaux et environnementaux importants. La réponse à la crise COVID-19 vient accentuer cette recherche de pertinence et de complémentarité. Il y a en effet beaucoup de besoins sociaux, beaucoup d’acteurs et beaucoup de solutions possibles. On peut donc se questionner sur les éléments qui permettent aux initiatives de réussir pleinement leurs visées et sur la relation entre ceux qui déploient et ceux qui soutiennent ces initiatives. 

À ce sujet, plusieurs pistes intéressantes émergent du rapport “Villes d’impact : soutenir la vitalité des écosystèmes d’impact social », produit par Credo, avec le soutien financier de la Ville de Montréal, la Maison de l’innovation sociale, la Fondation Mirella & Lino Saputo, et Loto-Québec

Si cette étude n’inclut pas les récents développements liés à la crise COVID-19, les éléments qui y sont documentés apparaissent toujours pertinents.

Déjà, dans la réponse à la crise, on constate que les organisations ont apporté quelques changements intéressants à la manière dont ils jouent leurs rôles :

  • Certains acteurs de soutien ont modifié leur approche pour offrir plus de flexibilité aux organismes qu’ils soutiennent, par exemple en diminuant les conditions d’utilisation des fonds ainsi que les exigences de reddition de compte; 

  • Certains acteurs de terrain ont réussi, peut-être plus facilement, à trouver des synergies plus ou moins inattendues avec d’autres organismes de leur quartier ; 

  • Les décideurs politiques travaillent davantage en équipe au delà des divergences politiques, et une attention accrue est portée aux plus vulnérables.

Est-ce que certaines de ces pratiques vont affecter durablement la manière dont ces acteurs jouent leurs rôles? Il y a bien des chances qu’on en arrive à se demander comment ces pratiques n’aient pas été la norme bien plus tôt. 

Plus que jamais, nous avons besoin d’un “écosystème” qui offre aux projets à vocation sociale les meilleures conditions pour réaliser pleinement leurs missions et leurs aspirations de changement social. 

 
 


Le rapport “Villes d’impact”

Le rapport explore les éléments clés qui permettent aux initiatives d’impact social d’atteindre leur plein potentiel et de maximiser leur impact individuel et collectif. Comprendre les éléments de réussite des initiatives d’impact, en partant de l’initiative elle-même jusqu’à l’environnement global dans lequel elle évolue, pourrait notamment permettre d’améliorer la qualité du soutien global offert par l’écosystème, et ultimement d’améliorer l’impact social total généré par celui-ci. 

Il est probable que la majorité des acteurs ne s’identifient pas à un regroupement aussi grand que l’écosystème d’impact social, et cela est tout à fait normal étant donné la diversité des visées, des approches et des secteurs. Or, les acteurs qui le composent partagent tous la même volonté: celle d’agir sur les problématiques sociales et environnementales de manière à les résoudre collectivement. En ce sens, ce concept d’écosystème pourrait tout de même faciliter la création de conditions favorables pour l’ensemble des acteurs sur le terrain. S’il s’agit d’une vision simplifiée qui est loin de refléter toute la complexité du sujet, les résultats peuvent être éclairants à de nombreux égards.

L’ensemble des éléments de réussite sont regroupés visuellement dans le schéma récapitulatif, puis détaillés un par un dans le corps du rapport. Dans l’ensemble, le rapport peut constituer une excellente introduction aux conditions pour l’impact, ainsi qu’un « aide-mémoire » utile pour les initiés.

RÉSUMÉ VISUEL (Cliquez pour agrandir) 

 
 

LÉGENDE : 

  • les rôles «terrain», qui réalisent les initiatives d’impact et agissent donc directement sur l’amélioration du bien-être des gens ou la santé des écosystèmes;

  • les rôles de soutien, qui viennent soutenir ces initiatives afin qu’elles réussissent pleinement leur mission sociale et maximisent leur potentiel d’impact

  • Enfin, autour de l’ensemble de ces rôles, il y a un certain contexte qui peut venir faciliter et amplifier le travail et le potentiel d’impact de l’ensemble des acteurs

 
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De nombreuses questions en suspens

Lorsqu’on applique cette perspective d’écosystème de soutien, on constate que les frontières sont floues entre les rôles de soutien et de terrain. Ce n’est pas aussi clair il y a un ensemble d’acteurs dédiés à soutenir la réussite d’autres acteurs, qui eux font une différence sur le terrain. Des questions émergent alors sur la composition de l’écosystème et sur les relations entre les acteurs: est-ce cette configuration qui maximise l’impact total de l’écosystème? Les acteurs de soutien évaluent-ils leur succès sur les bonnes bases? Les acteurs de soutien devraient-ils davantage travailler en réseau au bénéfice des acteurs terrain? Ces derniers devraient, en théorie, pouvoir facilement exprimer leurs besoins (pour parvenir à créer de l’impact) et pouvoir se faire offrir un « panier » de soutien adapté à leurs contextes et leurs aspirations.

Plusieurs questions clés émergent de l’étude concernant l’alignement collectif des différents acteurs: peut-on parvenir à une définition collective du succès de l’écosystème? Un travail collectif et trisectoriel, autour de changements précis, est-il envisageable, souhaitable, nécessaire? Comment aller au delà des buzzwords? Quelles dynamiques et quels obstacles viennent empêcher cet alignement collectif? Comment rendre plus transparentes les différences de visions et les rapports de pouvoir entre les acteurs, afin que la discussion puisse réellement porter sur la transformation sociale? Autant de questions qui nécessitent de se pencher plus profondément sur les recherches actuelles et à venir. 

En attendant, nous vous invitons à participer à une première autour du rapport lors de notre évènement en ligne le 11 novembre prochain de 12h30 à 14h00.

Christian Belair